09 avril 2008
"Cotton wool" (LAMB)

... on ("on" de majesté) porte sur slim, sur flare, le nez à l'air, le long gilet loose pour faire passer le blues :
... ou le costume trois trous confectionné par une autre Fée de la couture en qui je crois un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, j'ai dit beaucoup ?
Mais plutôt que de disséquer ce que j'ai, laissez-moi plutôt évoquer ce que je n'ai pas. Encore. "Un tu l'auras vaut mieux que deux tiens", voire "Soleil en août, pâté en croute", puisqu'on proverbe à tout va. Donc, quand on parle de gilet, de belle maille, de doute il n'y a pas, le roi s'appelle Collina. Roberto Collina. Une institution, le monsieur, presque 60 ans à faire mousser le point dans son usine de Bologne. Et regardez-moi comment ses tricots rajeuniraient dangereusement Grand-Mère, qui en oublierait presque de faire son bon café :


La bonne nouvelle, ce n'est évidemment pas que l'essaim de glace se profile à grand froid. Non, c'est que le Bazar Parisien distribue en France ces indispensables de garde-robe, certes pas donnés, mais Roberto, c'est un peu la haute-couture de la maille. Comme le Speedy qu'on a acheté avec notre première paye, en quelque sorte (sauf moi, j'avoue, j'aurais plutôt investi dans du Balenciaga si j'avais pas tout bu épargné).

Roberto, un Italien qui sait parler aux femmes. Alors que Bling Bling et Drelin Drelin, stock options et Alain Madelin, un peu de douceur dans ce monde brut. Maille, sweet love.
02:21 Publié dans Mustave | Lien permanent | Commentaires (60) | Tags : gilet, l'atelier d'une fée, roberto collina
04 avril 2008
"Rebellion lies" (Arcade Fire)
Où je tords le cou à mes préjugés, et je me dis qu'Egon, ça peut faire un chouette prénom
Diane a le nom allemand et la particule intimidante. Belge d'origine, me précise t-on chez l'ami Wikipedia, mais mariée au Germain prince Egon, qui lui a gentiment légué l'umlaut sur le ü et le "von" qui résonne. Diane Von Fürstenberg, ça vous pose une personne, et en impose aux autres, tant et si bien que les autres, ils ont peur. Moi itou, simplement (Bibi). Dans ma petite tête de modeuse bêcheuse, le raccourci s'est toujours fait, le préjugé solidement vissé, et la curiosité réduite à néant. Equation à zéro inconnue, tout était klar : les collections Diane Von Füstenberg, c'est pour Mémé Gisèle.
Honnêtement, j'aurais pu continuer longtemps sur ces certitudes, rencontrer Gaspard U., fonder une famille, monter les marches à Cannes en Luella et raconter mon bonheur dans Gala. Jusqu'à ce jour de mars où, on Ebay, je tombe en cliquant par hasard sur une blouse sans nom, sans marque, ravissante. La vendeuse me dit qu'elle a passé l'âge pour la porter, 50 ans, elle se résigne, elle s'en sépare. 40 euros. Banco. Dans le colis, une petite lettre, avec la photo du modèle porté. Madame la trop vieille mais trop gentille avait arraché l'étiquette de ce modèle, mais gardé la référence sur Nordstrom. Diane Von Fürstenberg. Hein?

Ainsi donc, mes 26 ans à peine défaités, me voilà bonne à porter du Didier Parakian et du Ralph Lauren. Avais-je perdu mon oeil dur comme le rock ? Deux jours plus tard, je lisais Biba en Luella (she's my baby), qui m'apprenait plein de belles choses sur la Diane chasseresse. Qu'elle avait deux portraits d'elle signés Warhol dans le salon. Comme moi. Que sa mère était la plus grande source d'inspiration de sa vie. Comme moi, sauf que c'est la mère de Garance avec ses Moncler et ses Rolex qui m'inspire, mais on y est presque. Que son style se résumait à cette mauvaise redite d'une chanson de Shania Twain "Feel like a woman, wear a dress". Comme moi, tous les jours où je mets pas mon slim et mon gilet, soit souvent. Diane, ses Andy Warhol et moi, on était définitivement faits pour s'entendre, et quand je suis allée jeter mon oeil (devenu mollet) sur sa collection, j'en ai fait tout un plat :


Alors, certes, c'est commercial, facile, européen, ce qu'on veut. Mais Diane, elle partait de loin avec moi, alors ne commencez pas à lui tomber dessus à critiques rompues. En plus, Madame De m'a clairement fait comprendre qu'elle était branchée young quand j'ai vu ça :

Oui, du tie and dye chez Diane Von Furstenberg. Orange pétant et foulardant. Et j'aime bien. Alors, je repense à ce mail de ma mélancolique vendeuse Ebay, "je n'ai plus l'âge, à 50 ans, pour mettre ces choses". Envie de citer le Cid, tiens, vendredi c'est poésie, "je suis jeune il est vrai mais aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années". Envie de lui répondre que non, elle se trompe, et je me suis trompée aussi. Il n'y a pas d'âge pour porter les créations de la dame à particule. Elémentaire.
02:23 Publié dans Mustave | Lien permanent | Commentaires (43) | Tags : diane, furstenberg, maje, sessun, ebay
17 mars 2008
"Billie Jean" (Michael Jackson)
Où certaines d'entre vous se contenteront de retenir que je vole Gala chez le médecin, et c'est bien dommage
Bien sûr, on se figure que le monde est mal fait, que les jours nous abîment comme de la toile denim, mais dans cet "Autre Finistère" (Les Innocents, éponyme), comme de partout, la toile denim aura beau s'abîmer, se patiner, se franger, s'élimer, on ne quittera jamais son jean, et encore moins cet été. Certes, le retour tant annoncé du petit blouson, dont on laissait négligemment dépasser le col de nos cabans de lycéennes, se fait heureusement attendre, mais il est bien le seul. La robe, la shoe, le sac, et même la blouse, se convertissent cet été indigo.
Comment ça, vous n'avez pas vu le "Billy Jean" de Jérôme Dreyfuss en boutique? Soit, vous avez fermé les yeux en passant devant le stand du Printemps pour éviter l'impossible vendeuse dont les bras tentaculaires alpaguent les proies faciles, ou plutôt les yeux dociles. Moi-même, malgré ma réputation de dure à cuir, j'ai préféré ne pas approcher mon autofocus à moins de 50 cm de la bête, mais j'ai déniché une image de son cousin "Jean" ... Jean (Photo Gala):
Et puis, quelques basiques, glânés ci et là, tel la blouse plastronnée, revisitée par D-Squared :
Le gilet d'homme, revisité par Lagerfeld
Le body couleur jean, proposé par Stella Mc Cartney (Photo Imax / Mme Figaro)

Et pour les plus culottées d'entre vous, ce modèle Lacoste, franchement dispensable :
Et je passe sous silence le sac tout mou casual comme la robe APCréées par Jean... Touitou, pour faire court. Pour ma part, j'ai cédé à l'appel tranquillement, comme d'hab' sur Ebay, le meilleur ami des fauchées : la robe housse Isabel Marant. Manches ballons, boutonnée, c'est tellement facile de ne pas se tromper.
Et entre toutes mes Jeâneries, s'il ne fallait en retenir une, que cela soit celle-là : éviter, obligatoirement, le total look, soit la blouse sur le flare, le gilet sur la blouse, la robe sous le blouson, et la culotte sous aucun prétexte. Regardez, d'ailleurs, la lecture qu'en fait l'Isabel Marant, qui réédite ce modèle, qu'elle volante en prévision des brises estivales :

Les plus classiques, jean'sénistes, se contenteront de balayer les trottoirs de leurs flares annoncés inévitables. D'avoir la blouse romantique sur le skinny pré-historique. Soit. Mais cet été, quoi que vous en pensiez, et quoi que Nicolas G. en dise, je serai totalement Ober*. Ca tombe bien, l'été, il neige pas. Même sur les jeans.
* Dérivatif "d'über" quand on parle uniquement de jean. Cf la marque des jean serrés rose pâles de notre adolescence devant Beverly Hills. Cf Violette.
03:11 Publié dans Mustave | Lien permanent | Commentaires (62) | Tags : isabel marant, jean, jérôme dreyfuss, d-squared, lacoste